Romancier peruvien, auteur du livre le plus vendu au Perou depuis 2018, Rafael Dumett repond avec franchise a les questions et revient surtout dans son experience de vie en France ou il a vecu 7 ans.
Son roman, El espia del Inca, est 1 roman d’espionnage qui se deroule a l’epoque des Incas. Rafael Dumett reconstitue une tentative de sauvetage de l’Inca Atahualpa, retenu captif avec les Espagnols en 1533. Cet evenement, vaguement mentionne au sein d’ diverses chroniques, est recree avec une documentation solide, mais avec chacune des licences de la fiction romanesque. Le protagoniste de votre roman reste votre espion du service d’espionnage inca dote tout d’un pouvoir special : celui de compter votre nombre quelconque d’objets a la vitesse de l’eclair. Ce roman fut considere par maints critiques comme le meilleur roman peruvien ecrit au cours du siecle. Et il fut le livre le plus vendu au Perou en 2018, 2019 et 2020. Rafael Dumett vit aujourd’hui en Californie, ou il collabore a 1 roman global dans l’histoire du 20e siecle et des extremes droites.
Rafael Dumett, vous avez vecu 7 ans a Paris…
Dans les faits, j’y ai fait des etudes de theatre a l’Institut d’etudes theatrales une Sorbonne. A l’epoque, au sein des annees 1990, il n’existait rien de tel au Perou. Cette experience, tres interessante, m’a permis de decouvrir les differentes formes theatrales du monde : europeennes, orientales, africaines. Les lei§ons de Monique Banu-Borie m’ont fort fortement marque, et leur trace est bien presente au sein d’ mon roman : ils etaient consacres a toutes les rituels dans le theatre, au chamanisme… J’ai figure d’Antonin Artaud planait au-dessus de nous… Grace a mes divers abonnements, j’ai aussi vu des centaines de spectacles vivants : a la Cartoucherie, au Bouffe du Nord, au Theatre des rues. Moins a la Comedie francaise qui me paraissait trop ordinaire. J’ai moins decouvert la culture francaise (i nouveau que sa gastronomie…) que l’ouverture universelle que donnait Paris a l’epoque… J’ai vecu avec la communaute des personnes de theatre et survivais en traduisant du francais a l’espagnol, toujours dans la profession. Ce fut vraiment une experience incroyable !
Pourquoi avoir choisi la France a votre moment-la de les etudes ?
En fait, j’avais frequente le college de la Recoleta, qui a l’epoque proposait 1 enseignement d’excellence en francais. J’avais aussi deux appuis sur place. Mais gui?re d’ancetres qui aient eu une relation avec la France. Au Perou, c’etaient des annees de violence liees au Sentier lumineux. J’etudiais alors a la fois la linguistique et le theatre, mais je n’avais pas vraiment l’idee d’etre acteur. Cette formation a Notre Sorbonne fut extraordinairement enrichissante – inegale aussi –, mais elle ne menait nullement a une carriere de comedien non plus. Je n’ai jamais termine ma maitrise, mais pleinement profite de Paris et de sa vie culturelle.
Pourtant vous n’etes jamais reste a Paris…
Tout est reellement complexe en France : avoir des papiers, tomber sur une activite remunere, s’integrer a J’ai communaute francaise. Je me rappelle des queues qu’il fallait Realiser tous les ans a la prefecture, ainsi, De quelle fai§on il fallait faire face au fonctionnaire qui me voyait comme votre delinquant. Sa decision etait totalement arbitraire. Je ne parlerais gui?re, me concernant du moins, de xenophobie, mais votre n’etait nullement facile – et ma concierge a limite dit « bon debarras » quand je suis parti. « il va falloir rentrer a demeure », avait-elle evoque dans 1 ton tres singulier. On demeure un etranger, sans acces a la societe francaise, qui reste reellement fermee. Je vis aujourd’hui en Californie, ainsi, j’ai retrouve l’ouverture universelle a la culture et aux gens que je trouvais, en France, dans ce monde du theatre.
Cela n’y a nullement aux Etats-Unis cet arbitraire francais. Je pourrais m’y epanouir comme ecrivain et comme personne. Tout effort l’fait recompense.
Comment expliquez-vous que de nombreux ecrivains sites de rencontres gratuites africaines peruviens soient hors du Perou ?
Nous avons du coup besoin d’une distance geographique pour rediger, aussi si, dans mon cas, l’elaboration de l’Espion de l’inca a demande un travail de terrain considerable. J’ai voyage dans la totalite des lieux qu’evoque mon roman… De facon generale, la societe peruvienne reste dominee par une poignee de petits groupes qui controlent bien. Quelqu’un comme moi qui n’appartient jamais a cette elite n’a aucune chance. Au Perou, aucun editeur ne voulait me publier : l’ambition de votre roman, aussi bien son format que son ampleur (900 pages) parait ridicule au Perou… Du demeure c’est sorti d’abord sous forme electronique (en 2012), puis sous forme papier (2018) et a fait le chemin par le bouche-a-oreille, sans pas de soutien.
Au Perou, aucun editeur ne voulait me publier !
Pensez-vous qu’il aurait du succes en France ?
Pour J’ai France, on ne va pas rien anticiper… On ne sait pas et cela interesse les Francais. Le type d’ecriture que je mets en place, avec une intrigue tres forte (plot) interesse fortement des Americains.
Revendiquez-vous l’influence en litterature francaise ?
En fera non, ainsi, j’ai trouve en France un acces a tous nos livres de l’univers, a des auteurs de moi inconnus. C’est moins la culture francaise en tant que telle que sa capacite a diffuser toute la richesse du monde qui m’a fascine. Neanmoins je lis et j’aime deux auteurs francophones : Marguerite Yourcenar et Victor Serge. Notre litterature francaise me parait ces jours-ci d’une trop grande legerete.
C’est moins la culture francaise en tant que telle que sa capacite a diffuser toute la richesse de l’univers qui m’a fascine.
Neanmoins, notre projet d’ecriture actuel comprend la France : il s’agit d’un livre qui, autour de Barbie et de ses accointances au sommet de l’Etat francais, decrit l’ombre de l’extreme droite europeenne via l’Amerique latine, dont l’operation Condor est le visage le plus pertinent connu. Rappelons-nous la torture, la contre-insurrection, les disparitions de personnes… bien ceci a des racines europeennes que je veux eclairer. Notre France y joue un role central, comme l’Allemagne, les Etats-Unis, la Croatie ; j’ai envie en etudier toutes les ramifications, montrer, sous une forme romanesque, tout le mal que cette extreme droite a fait en Amerique latine et apporter une nouvelle intelligence a cette histoire passee, dont des traces seront encore beaucoup vivantes.
Propos recueillis par Sylvie Taussig, ecrivaine et chercheuse au CNRS. Dernieres publications : Richelieu (Gallimard, Collection Folio biographies, 2017) ; Sous le nopal (Jingwei editions, 2017) ; Le Systeme du complotisme (Bouquins, 2021).